Soutenance de Thèse de Doctorat de Johanne Mzidabi

Titre :  «Rôle des pratiques parentales, du travail à la maison et du décalage culturel dans la création (et le maintien) des inégalités scolaires »

Jury : 

M. Theodore Alexopoulos, (Pr, Université de Bordeaux – Président) ; Mme Annique Smeding, (Pr, Université Savoie Mont Blanc – Rapporteuse) ; Mme Céline Darnon, (Pr, Université Clermont-Auvergne – Rapporteuse) ; M. Matthias Gobel, (Dr, Université du Sussex – Examinateur) ; M. Sébastien Goudeau (PU, Université de Poitiers, INSPE Niort – Co-directeur de thèse) ; M. Jean-François Rouet (DR CNRS, Université de Poitiers – Co-directeur de thèse).

Résumé :

Ce travail de thèse ambitionne de démontrer la contribution du travail à la maison, des pratiques parentales et du décalage culturel dans la création (et le maintien) des inégalités sociales à l’école. Nous tenterons d’expliquer par quels mécanismes le travail à la maison sert de catalyseur aux inégalités sociales dans le cadre scolaire, et comment ce qui se passe à la maison a un impact sur ce qui se passe ensuite dans la salle de classe.

Dans une première étude, menée chez près de 400 familles, nous nous sommes intéressés à la contribution de facteurs structurels, individuels, et psychologiques aux inégalités de réussite. Nous avons testé l’hypothèse selon laquelle l’ensemble de ces facteurs contribuerait directement, et indirectement (via l’auto-efficacité parentale), à creuser les écarts entre les élèves.
Cette première étude a révélé que les parents de milieux populaires se sentent moins efficaces dans leur accompagnement lors du travail à la maison, ce qui influence en retour la réussite scolaire des enfants. À la suite de cela, nous avons décidé d’examiner en détails la question de la nature des pratiques parentales d’accompagnement lors du travail à la maison, et des potentielles variations selon le contexte de classe sociale.

Dans une deuxième étude menée auprès de 217 parents d’enfants de CM2, nous avons exploré la perception du travail à la maison ainsi que les pratiques parentales d’accompagnement au travail scolaire. Nos principaux résultats démontrent que les parents de milieux populaires passent plus de temps sur le travail à la maison que ne le font les parents de milieux favorisés, et rapportent plus de difficultés.
Cette étude a soulevé la question des attendus implicites que l’école véhicule, avec lesquels les familles de milieux favorisés sont plus familiarisées que celles de milieux populaires.

Nos deux dernières études se sont penchées sur les attentes implicites chez les enseignants, puis la nature implicite des consignes. L’étude 3, réalisée lors d’un indoc à l’Université du Sussex, auprès de 438 enseignants, nous a permis d’examiner les biais et les attributions qui émergeaient après présentation de profils fictifs d’élèves de milieux populaires et favorisés.
Nos résultats ont démontré que les élèves fictifs de milieux populaires, et ceux n’ayant pas effectué correctement leur travail à la maison, étaient perçus comme ayant moins de capacités et moins de potentiel académique.

Enfin, dans l’étude 4, nous avons manipulé expérimentalement le degré d’explicitation donné pour les consignes du travail à faire. Contrairement à nos hypothèses, cette explicitation s’est avérée bénéfique pour les élèves de milieux favorisés mais pas pour ceux de milieux populaires, démontrant encore une fois l’enjeu crucial du travail à la maison et de leurs consignes sur les résultats en classe.