Soutenance de Thèse de Doctorat de Lila Barillot
Titre : «L’environnement enrichi dans la prévention de la rechute à l’alcool : une intervention translationnelle alliant pleine conscience en réalité virtuelle, activité physique et cognitive»
Jury :
Marie Grall-Bronnec, Professeure, Faculté de médecine de Nantes, Rapporteure ; Marc Auriacombe, Professeur, Université de Bordeaux, Rapporteur ; Delphine Grynberg, Professeure, Université de Lille, Examinatrice ; Xavier Noël, Professeur, Université Libre de Bruxelles, Examinateur ; Emeline Chauchard, Maîtresse de conférences HDR, Université de Poitiers, Examinatrice ; Armand Chatard, Professeur, Université de Poitiers, Directeur ; Marcello Solinas, Directeur de recherche, Université de Poitiers, Directeur ; Nemat Jaafari, Professeur, Université de Poitiers, Directeur.
Résumé :
Les addictions font partie des troubles psychiatriques les plus répandus dans le monde, et bien que des traitements existent, les rechutes concernent plus de la moitié des patients pris en charge.
Dans les modèles animaux de l’addiction, l’exposition à un environnement enrichi (EE) en stimulations cognitives, physiques et sociales est efficace pour éliminer les comportements addictifs et prévenir la rechute.
L’objectif de cette thèse était de transposer la technique de l’EE à l’Homme, à travers une intervention combinant pleine conscience en réalité virtuelle, activité physique et cognitive, afin d’évaluer son efficacité pour prévenir la rechute en population clinique.
Une première étude visait à valider un questionnaire mesurant l’EE chez l’Homme et à en explorer les liens avec des variables cliniques chez des individus addicts au tabac ou à l’alcool. Un EE était associé à une dépendance plus faible à la nicotine, un craving réduit et une consommation de tabac moins importante, et un risque de rechute à l’alcool plus faible.
Une deuxième étude a été menée afin d’évaluer l’effet de l’un des outils choisis pour transposer l’EE à l’Homme, la pleine conscience en réalité virtuelle, sur les biais attentionnels envers l’alcool chez des étudiants ayant une consommation à risque. Cette intervention a diminué les biais attentionnels envers l’alcool, ce qui n’était pas retrouvé dans le groupe contrôle.
Enfin, l’étude principale de cette thèse était un essai randomisé contrôlé sur 135 patients hospitalisés pour addiction à l’alcool, évaluant l’effet de six séances d’EE sur le risque de rechute. L’EE incluait de la pleine conscience en réalité virtuelle et la pratique du vélo-cognitif, tandis que la condition contrôle se limitait à la prise en charge standard en unité d’addictologie.
Les résultats ont montré un risque de rechute similaire dans les deux groupes à deux semaines, une tendance à la réduction de ce risque dans le groupe intervention à un mois, et un risque de rechute significativement réduit à trois mois dans le groupe intervention comparé au groupe contrôle. Cet effet pourrait être médié par une diminution du craving et une augmentation de la richesse de l’environnement à trois mois dans le groupe intervention. En faisant le lien entre recherche préclinique et clinique, ce travail met en lumière le potentiel de l’EE comme levier thérapeutique, offrant de nouvelles perspectives pour la prévention et le traitement des addictions.
Mots clefs : addiction, rechute, environnement enrichi, pleine conscience, réalité virtuelle, activité physique, entrainement cognitif